La salsera de Province

La Salsera de Province se sent seule. A chaque fois qu’elle se connecte sur le forum parissalsa, elle a un petit pincement au cœur. On y parle souvent de la Pach, des quais, de la casa et autres lieux qui restent pour elle des noms obscurs qui n’évoquent rien. Tout cela est si loin !

Dans le meilleur des cas, si elle habite une grande ville, la salsera de Province peut danser dans une seule boîte de nuit (située à 50 km) qui propose une soirée salsa une seule fois par semaine. Et c’est là qu’elle mesure tout l’écart qu’il peut y avoir entre Paris et la Province, car attention, en Province, une soirée salsa, ça veut dire 25% de salsa, 50% de zouk et 25% de disco-latino.

Et dans la " soirée salsa ", elle retrouve systématiquement les 3 seuls danseurs de la région qui connaissent cette danse. Et elle va passer la soirée à faire les 10 mêmes passes qu’ils connaissent à eux 3.

Alors au bout d’un certain temps, la salsera de Province décide de salsifier sa région. Elle crée une association où elle va donner des cours de salsa. Tâche non aisée car elle-même ne connaît que 15 passes, donc son répertoire va être vite épuisé. Qu’à cela ne tienne, elle ira à la Capitale suivre un maximum de stages, quitte à y consacrer tous ses jours de RTT.

Motivée, la salsera de Province fait même venir un professeur de La Capitale pour un stage dans sa région. Elle est obligée de casser les prix et de puiser dans sa propre réserve pour financer le déplacement dudit professeur, car si elle propose un stage à plus de 50 centimes l’heure, les autochtones ne viendront pas, c’est évident.

La salsera de Province organise une fois par mois des vraies soirées salsa, où, en général, elle n’arrive pas à faire venir plus de 25 personnes… dont les 3 salseros déjà cités plus haut (c’est sûr qu’elle aurait plus de succès en organisant une soirée choucroute ou des rifles)...

La Salsera de Province est toute excitée lorsqu'elle monte à La Capitale pour un congrès de Salsa ou pour sa 1ère soirée à la Pach. Elle en prend plein les yeux sur place mais n'ose danser avec personne… car elle prend en pleine figure la faiblesse de son niveau.

Pourtant elle progresse pendant son séjour à Paris, et sur le chemin du retour, elle est décidée plus que jamais à tout péter chez elle : en plus des cours de son assoc, elle va former une troupe, donner des spectacles, multiplier les soirées... et peut-être même organiser son propre Congrès. Mais 3 jours après son retour dans son trou perdu, elle déprime.

La Salsera de Province, c'est un peu un caliméro loin de sa famille.

Au bout de 2 ou 3 ans, on ne trouve plus trace de la Salsera de Province…. Elle est montée à la Capitale.


Le Mufle

Le Mufle est l’opposé du Bon Danseur Gentil. Il n’a pas d’état d’âme. Non seulement le Mufle est une synthèse vivante du Danseur Fou, du Blasé, du Danseur-qui-ne-sourit-jamais, du Maestro, du Radin, des Dents de la Mer, de la Tornade et de la Star (version masculine), mais en plus il présente les stigmates suivants :

  • Quand le Mufle aperçoit une danseuse de sa connaissance, il va l’inviter sans prendre la peine de lui dire bonjour au préalable. Mais à y réfléchir, l’expression " inviter " n’est pas du tout appropriée : le Mufle ne demande pas son avis à la danseuse, il lui prend la main et l’amène d’office sur la piste.
  • Si le Mufle sait que sa danseuse préfère la salsa cubaine, il lui impose la portoricaine (ou vice-versa).
  • Si une fille a le malheur d’inviter le Mufle, le Mufle va la déshabiller du regard, la jauger de haut en bas, et s’il juge qu’elle n’est pas le sosie de la Salsera Sexy et Canon, il lui assène un râteau sans appel. Puis, sous les yeux de la fille, il va sans complexe inviter la Salsera Sexy et Canon (enfin, inviter… cf. plus haut)
  • Lorsque l’envie de fumer le prend, le Mufle va se planter au bord de la piste, allumer sa clope et asphyxier les pauvres salseros en œuvre qui ont le malheur d’être à côté de lui. Remarquez, l’expression " au bord de la piste " n’est pas non plus appropriée, car le must pour le Mufle, c’est de trouver un autre Mufle avec qui fumer et discuter, et le meilleur endroit pour cela, c’est bien sûr le milieu de la piste, là où les non-Mufles se démènent.

Le Mufle est lunatique et redoutable. Il peut très bien avoir royalement ignoré pendant un an une danseuse qu’il voyait chaque semaine sur les pistes, et un beau jour, la considérer comme la meilleure proie de la soirée (cf. les Dents de la Mer). La particularité du Mufle, c’est qu’il a mis au point sa technique de drague en s‘inspirant d’un autre animal : le python (il étouffe peu à peu sa proie). Démonstration : le Mufle danse une première fois avec la fille, et quand la musique se termine, il maintient sa main dans la sienne, ne lui laisse pas la plus infime chance d’être invitée par un autre danseur, et enchaîne danse sur danse. Si la fille prétexte qu’elle est fatiguée et va s’asseoir, il va s’installer à la même table qu’elle et lui tenir la conversation sans la laisser parler. Si la fille fuit aux toilettes pour respirer un peu, il va l’accompagner jusqu’à l’entrée et guetter sa sortie. Seule issue pour la proie : asséner à son tour un râteau mortel en lui disant qu’elle est mariée au Roi de la Piste.

La race du Mufle, contrairement à celle de la Transsexuelle, n’est pas indispensable à la survie de l’espèce Salsero. Si vous en rencontrez un troupeau, vous pouvez l’exterminer… sans état d’âme.


La Chasseuse

La chasseuse se décline en deux types : la Chasseuse-dragueuse et la Chasseuse-danseuse. Nous passerons rapidement sur le premier type. La Chasseuse-dragueuse a appris à danser la salsa dans un unique but : avoir des atouts pour séduire et se taper un maximum de salseros. Vous pouvez aisément imaginer son portrait.

Observons le spécimen du 2ème type, dont le comportement est beaucoup plus riche et intéressant, et que nous appellerons par commodité la Chasseuse (tout court).

La Chasseuse est souvent plutôt bonne danseuse, mais elle ne se fait jamais inviter par un garçon. Et pour cause, c’est elle qui invite. Toujours. En effet, la Chasseuse ne veut pas dépendre du bon vouloir de ces messieurs, car elle ne supporte pas de voir les autres filles danser alors qu’elle-même fait tapisserie.

La Chasseuse est calculatrice. Lorsqu’elle arrive dans une soirée, son ordinateur interne évalue immédiatement la quantité de danseurs invitables (c’est-à-dire bons danseurs -tant qu’à faire, puisque c’est elle qui les choisit, elle ne va pas en inviter des mauvais).

  • Si le résultat de l’évaluation est inférieur au seuil de 10, la Chasseuse part œuvrer dans un autre lieu.
  • Dans le cas contraire, la Chasseuse commence… à chasser.

La proie préférée de la Chasseuse, c’est évidemment le Bon Danseur Gentil. Mais comme c’est un peu trop facile pour elle, la Chasseuse s’attaque aussi à d’autres gibiers. Certains lui donnent du fil à retordre, mais imaginez sa jubilation lorsqu’elle arrive à détourner une composante d’un Binôme !

La Chasseuse est incapable de vous dire comment les chansons se terminent. En effet, quand elle danse et sent la fin d’une salsa approcher (pour ça, elle a de l’instinct), elle se déconcentre totalement de la danse et de la musique pour se consacrer de nouveau à la chasse : elle repère sa future victime, et pour être sûre que celle-ci ne s’échappera pas, elle tire plus ou moins son partenaire du moment vers la proie, tout en continuant de danser. Technique d’approche INFAILLIBLE.

Le seul problème que rencontre la Chasseuse, c’est que certaines danseuses finissent par comprendre sa stratégie… et font pareil qu’elle. La Chasseuse est alors contrainte de changer de territoire.


L’évangélisateur

L’évangélisateur est dans 99% des cas un Salsolique, mais d’une espèce particulière. En effet, il a été auparavant Salsero de Province, ou bien, il a divorcé d’un Boulet, ou encore, il a vécu l’expérience suivante :

Il a été convié à une noce où tout le monde était cordialement invité à amener des disques pour la soirée. Tout content, il a pris tous ses CD de salsa, en a emprunté à la CDthèque de sa ville, et a même été jusqu’à en acheter des neufs qui n’étaient pourtant pas en promotion (dans le train, son sac de CD pesait 20 tonnes !). A la noce, vient enfin le moment où il est arrivé à convaincre le DJ de passer un de ses disques de salsa (après une argumentation de 30 mn). Il entend SA musique, se précipite sur la piste et là… le no man’s land. Tout le monde assis, sauf lui.

Quelle que soit son origine, l’Evangélisateur est quelqu’un de gravement traumatisé, mais il a décidé d’agir et d’entrer en sacerdoce. Son but dans la vie, ce sera de convertir son entourage à la religion salsa.

Mais ce n’est pas facile. Voici un échantillon des phrases qu’il a entendues de ses proches, lorsqu’il est entré en terrain vierge :

  • La salsa, c’est quoi ?
  • La salsa, c’est une danse Brésilienne ?
  • La salsa, j’ai déjà vu ça, c’est un truc qui ressemble à la Lambada
  • La salsa, c’est passé de mode !
  • La salsa ? J’vois pas du tout ce que c’est comme musique… Ah, le zouk tu veux dire ?
  • La salsa, ça se danse qu’à Cuba…

Bref, l’Evangélisateur a failli renoncer à sa Croisade. Mais ce serait oublier qu’il est de la graine des Salsoliques. Il a donc pris son courage à 4 mains et a persévéré dans sa démarche. Il a traversé des passages heureux et moins heureux.

Pour convertir son collègue du même bureau, l’Evangélisateur lui a passé à longueur de journée des CD de salsa (ceux achetés pour la noce, entre autres). Un vrai bourrage de crâne. Le pauvre collègue a été renvoyé car il n’arrivait plus à se concentrer et faisait du mauvais travail. Du coup, se retrouvant au chômage, l’ex-collègue a eu du temps libre et s’est inscrit dans un cours de salsa.

Evangélisation réussie.

Mais ça ne se passe pas toujours aussi bien. Exemple avec sa sœur : pour l’amener à un cours de salsa, il a dû attendre son anniversaire et lui dire qu’il lui offrait une soirée-surprise à cette occasion. Il avait tout prévu : le cours de salsa, le repas dans un restaurant latino, puis la soirée dansante dans un endroit sympa, intime (et latino, cela va de soi). Il n’avait pas réalisé que sa sœur était née un 31 Décembre, par conséquent, que le cours n’avait pas lieu ce jour-là, que le restaurant ne proposait pas de menus à moins de 700 F (107 euros), et que l’endroit soi-disant intime était bourré à craquer.

La sœur a eu la confirmation de ce qu’elle pensait depuis un certain temps : son Evangélisateur de frère faisait bien partie d’une secte (appelée salsa) qui lui faisait perdre toute notion de la réalité.

Evangélisation ratée.

Parfois, l'Évangélisateur a rencontré des succès plus étonnants (si si, ça lui est arrivé). Il ne faut pas croire que l'évangélisateur soit forcément un grand danseur, c'est surtout un médiateur hors pair. Il aime tellement la salsa qu'il diffuse autour de lui une constante bonne humeur et communique ardemment sur le sujet. Ses ouailles écoutent avec une certaine curiosité cet être si convaincu et n’ont qu’une envie, croire en lui et le suivre.

Il est devenu Gourou.

Lors d’une dernière évangélisation très réussie, ses nouveaux disciples ont été si pratiquants qu'ils sont devenus un organisme multicellulaire complexe fanatique et évangélisateur à son tour. D’autres nouveaux fidèles sont accourus de partout et ont assailli les évangélisateurs de questions.

" Où apprend-on ? Combien de temps pour danser (mieux que vous) ? Où sort-on ce soir ? Et demain ? Comment ça, y’a rien ce soir ? "

L’Evangélisateur-devenu-gourou n’arrive plus à fournir.

Mais… vous ne croyez pas que vous devriez l’aider ? Ce ne devrait pas être bien difficile pour vous…


La Guimauve

Vous êtes assise. Un air de salsa endiablée commence. Un charmant danseur, propre sur lui, bien sous tous rapports, vous invite. Charmée, confiante, vous le suivez sur la piste sans vous poser de questions. Et après la première passe, vous avez compris, ça y’est, vous êtes tombée sur la Guimauve.

La Guimauve n’est pas une espèce très courante dans le milieu salsa, mais elle existe (en version féminine comme en version masculine), et vous saviez qu’un jour, vous tomberiez dessus et danseriez avec.

Vous avez toujours été fascinée par la capacité qu’a une Guimauve à économiser ses gestes lorsqu’elle danse. Jamais vous n’avez vu transpirer une Guimauve, même sur une timba. C’est normal, la Guimauve ne bouge pas plus d’un muscle à la fois, et danse exclusivement en bord de piste, juste en–dessous du ventilateur (au risque de se prendre les pieds dans ceux des danseurs assis). La Guimauve peut mettre la même chemise ou T-shirt 5 soirées d’affilée, elle ne sentira pas mauvais.

La Guimauve ne danse pas deux salsas de suite, c’est trop épuisant. Curieusement vous voyez souvent la Guimauve aller prendre un verre; pourtant la déshydratation n’est pas un danger pour elle. En fait, la Guimauve fait des pauses.

La Guimauve, contrairement à ce qu’on pourrait penser, guide plutôt bien. Exception : la Guimauve ascendant Guimauve. Celle-là vous fait faire des passes, mais chaque fois, vous flottez dans le brouillard le plus complet : une setenta ? une copelia ? un sombrero ? Vous ne ressentez pas d’impulsion, vous ne savez pas si elle veut vous diriger à gauche, à droite, en avant ou en arrière… Rien, vous ne sentez rien. Si vous faites le contraire de ce qu’elle veut, la Guimauve ascendant Guimauve vous regarde sans réaction, en attendant que VOUS repreniez les rênes. Le pire, c’est quand la Guimauve ascendant Guimauve a les mains moites. Sans commentaires. Vous préfèreriez danser avec une poupée gonflable.

La danse préférée de la Guimauve dans une soirée salsa ? Le zouk.

Molle la Guimauve est, molle la Guimauve restera. A vous faire regretter le Danseur Fou. C’est pour vous dire.


Monsieur Propre

Comme la Guimauve, Monsieur Propre ne danse pas deux fois de suite, mais pour d’autres raisons. Son problème à lui, c’est qu’il transpire facilement et beaucoup. Il a beau ne choisir que des T-shirt légers, sans manches, qui le moulent et mettent en valeur ses superbes muscles, il n’y a rien à faire, au bout 2 minutes, il ruisselle. Et pour lui, danser avec un T-shirt mouillé est totalement inconvenant… Alors Monsieur Propre vient en soirée avec une valise : il transporte 4 serviettes-éponges, et aussi un stock de 5 T-shirts pour pouvoir se changer.

Comme la salsera Sexy et Canon, Monsieur Propre va souvent aux toilettes, mais pas pour se pomponner. Il va se laver les mains. C’est vrai quoi, à force de toucher les mains de toutes ces danseuses, il ne sait pas ce qu’il pourrait attraper comme cochonnerie.

Sur les quais, on l’identifie vite.

  • Lorsque Monsieur Propre veut s’asseoir sur les gradins, il étend d’abord un grand mouchoir sur lequel il pose son postérieur. Monsieur Propre ne veut pas risquer de tacher son pantalon (car ça, il n’en a pas d’autre en stock).
  • Entre deux danses, Monsieur Propre regarde ses chaussures et enlève la petite poussière blanche qui s’y est déposée.
  • Contrairement au Radin, Monsieur Propre ne boit pas dans les bouteilles qui sont mises à disposition, car il ne veut pas risquer d’attraper un microbe.

On se demande comment Monsieur Propre a pu se faire contaminer par le virus de la salsa…


Le Solo

Le Solo, homme ou femme, a toujours considéré que les Organismes Multicellulaires Complexes, les Boys Band, les Ruedamaniaques et les Binômes étaient une incongruité de la nature Salsa.

Lui, c’est seul qu’il s’éclate. La piste peut être remplie de Mufles, de Danseurs Fous, de Touristes, de Tornades et que sais-je, ça lui est égal, le Solo ne les voit pas. Parce que, quand il danse, le Solo est dans son trip. Même une salsera Sexy et Canon, fraîchement revenue de Cuba, qui fait un tembleque d’enfer à 3 cm de lui ne le trouble pas ; imaginez l’affront pour elle.

Pour s’échauffer, le Solo danse un certain temps de manière classique. Puis soudain, le voilà qui fait sa salsa à lui. Alors là, pas la peine de chercher si c’est de la cubaine, de la portoricaine, de la colombienne, ou d’un mix. Ca ne ressemble à rien de ce que vous connaissez : un bras jeté en l’air, une contorsion du buste absolument inédite, une jambe entortillée sur l’autre, un pied à la hauteur des oreilles… Mais où est-il allé chercher tout ça ?

Les salseros regardent le Solo d’un air bizarre, certains se marrent, d’autres se moquent de lui à haute voix (de toutes façon, le Solo ne voit rien et n’entend rien non plus, les railleries des autres ne vont nullement le troubler).

Et beaucoup l’envient secrètement d’être tant à l’aise et si sûr de lui sur une piste.


Le Petit-salsero-devenu-Grand

  1. Vous l’avez connu tout débutant, s’appliquant laborieusement à faire son pas de base, un peu raidoche, maladroit, et… sans beaucoup de grâce. Vous avez pensé : le Petit Salsero, il a du boulot, mais au moins, il ne peut que progresser. Vous l’avez encouragé.
  2. Quelques semaines plus tard, vous avez revu le Petit Salsero répétant inlassablement dans un coin de piste une passe apprise en cours, écoutant les conseils d’un ami du cours Avancé. Vous vous êtes proposée de lui servir de partenaire, et par conséquent, avez accepté de sacrifier une heure de votre soirée à faire la même passe.
  3. Quelques mois plus tard, vous avez revu le Petit Salsero dévorant des yeux les couples de danseurs, essayant de mémoriser tout seul de nouvelles passes. Il fait appel à vous pour " essayer un truc qu’il vient de voir ". Attendrie, vous acceptez de servir de cobaye. Indulgente, vous lui pardonnez la contorsion douloureuse de vos bras et le coup de coude que vous avez stoïquement pris dans la figure.
  4. Quelques semaines plus tard, vous voyez le Petit Salsero évoluer avec aisance sur la piste. Vous vous dîtes : ma parole, on dirait qu’il a dansé la salsa toute sa vie ! Vous êtes sa danseuse quasiment attitrée. Bonheur.
  5. Le Petit Salsero sort brusquement de votre vie. Il est allé danser dans des endroits plus nobles.
  6. Un beau jour, par hasard, vous le retrouvez. Vous n’en croyez pas vos yeux, c’est le Roi de la Piste, toutes les danseuses se l’arrachent, il paraît même qu’il ferait partie d’une troupe. Vous vous avancez vers lui, le croisez et… non, vous n’avez pas rêvé, il ne vous a même pas dit bonjour.

Le Petit Salsero est devenu Grand. Trop Grand. Si Grand que ça lui est monté à la tête.


Mi Vida Es Cantar

Dès les premières notes d'un morceau, Mi Vida Es Cantar s'interrompt au milieu de sa conversation pour entonner le premier couplet avec le chanteur (ou la trompette), s'excuse auprès de son interlocuteur ("J'adooore cette chanson") et n'en continue pas moins de fredonner alors même que celui-ci essaie (mais pas longtemps) de poursuivre la conversation. Mi Vida Es Cantar est incapable d'écouter une chanson sans la chanter (s'il la connaît), ou sans la décortiquer (s'il ne la connaît pas encore, car il faudra qu'il puisse la chanter plus tard !)

Sur la piste, on a a parfois l’impression que la voix de la chanson sur laquelle on danse est doublée. On se retourne et on comprend que Mi Vida Es Cantar est dans les parages. Utile lorsque le niveau de la sono est trop faible.

Mi Vida Es Cantar adore danser la salsa, mais pas autant que la chanter. Confondant les deux disciplines, il danse, tout en braillant à tue-tête les paroles, provoquant des réactions variées parmi ses partenaires :

- résignée : "Il va encore pleuvoir..."

- agacée : "Tu chantes ou tu danses ?"

- curieuse : "De quoi ça parle ?"

- ébahie : "Mais tu les connais toutes ?"

- préventive : "Tu la connais celle-là ? Non ? Alors je t'invite !"

- stratégique...: "Quelle belle voix !"

- respectueuse : "Tu parles espagnol ?"

- interloquée : "Tu m'as parlé ?"

- amusée : "Tu chantes aussi les cuivres ?"

- intéressée : "Ca veut dire quoi, cantar ?"

- polie : "Oh. Tu chantes bien."

- grinçante : " T’as jamais su l’espagnol, tu chantes en phonétique ? "

- surenchérie : "por eso canto canto canto" ...

.. car Mi Vida Es Cantar rencontre parfois son alter ego sur les pistes !

Dans ce cas, lui qui d'ordinaire se sent plutôt seul et incompris, ne se sent pas de joie, et pour faire entendre sa belle voix, il ouvre un large bec et beugle - pardon, chante- à s'en faire péter le gosier... Si vous vous retrouvez en train de danser avec Mi Vida Es Cantar, avec à côté un de ses clones, vous allez vous sentir frustrée : la personne avec qui Mi Vida Es Cantar est en train de s'éclater sur cette chanson, ce n'est sûrement pas vous...

Autre situation inconfortable pour la danseuse : Mi Vida Es Cantar lui débite quelques phrases de la chanson (qu’elle ne comprend pas) tout en la regardant avidement et de manière lubrique. Est-ce une déclaration d’amour ? Se moque-t-il d’elle ? Mystère.

Pas vraiment " enchantée ", la danseuse refuse une seconde danse et Mi Vida Es Cantar " déchante "…

 

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